lundi 27 mars 2023

ERROLL GARNER

 

Compositeur et pianiste virtuose, Erroll Garner est un précurseur majeur du mouvement bebop, incarnant l’esprit du swing et du blues. Voici 9 (petites) choses sur la main droite la plus rapide du jazz, Erroll Garner.

Jazzman autodidacte

Dès l’âge de trois ans, Erroll Garner joue à l’oreille toutes les mélodies qu’il entend. Il suit quelques cours de piano sous les encouragements de sa mère, mais il ne prend jamais le temps de faire ses devoirs et ne saura jamais ni lire ni écrire la musique. Cela ne l’intéresse pas car avec sa fine oreille et sa mémoire musicale impressionnante, il n’a tout simplement pas besoin de cela. « Je suis payé pour jouer les notes, pas pour les lire » dira-t-il plus tard à un journaliste.

Avant même ses 18 ans il se fait déjà connaitre dans tout Pittsburgh en jouant à la radio, dans des bars, dans des spectacles de vaudeville, sur des barges et même à l’église. Malgré son succès précoce et son talent incontestable, il sera néanmoins recalé par la Pittsburgh Music Union lorsqu’il tente de s’y inscrire dans les années 1940 en raison de son incapacité à lire une partition. En 1956, le syndicat cède face à la réputation désormais immense d’Erroll Garner et nomme le pianiste membre honoraire.

Grand jazzman, petit musicien

Erroll Garner est un jazzman immense par le talent, mais petit par la taille. Le pianiste ne mesure en effet que 157 cm. Afin d’être bien assis face au piano, il utilise plusieurs annuaires téléphoniques placés l’un sur l’autre. Mais lors de son concert à Carnegie Hall en 1967, le seul annuaire de Manhattan suffira, tant il est épais !

Quant à ses mains, elles sont d’une taille disproportionnée par rapport au reste son corps, avec des pointes de doigts très fines, lui permettant de développer son style unique et novateur lors de son arrivée à New York en 1944.


Le jeu de piano d’Erroll Garner semble en perturber plus d’un. Ca swing, ça bop, ça bouge, mais il y a quelque chose de différent. C’est Steve Allen, pianiste, compositeur et créateur et présentateur de la célèbre émission de télévision The Tonight Show, qui résume mieux le jeu d’Erroll Garner : « Il faut vraiment être pianiste pour comprendre à quel point il était doué, et à quel point ce qu’il faisait était juste impossible. »

En effet, nul autre pianiste ne joue comme Garner. Surnommé le pianiste aux quarante doigts, Erroll Garner retranscrit au piano avec seulement deux mains toute l’énergie, le dynamisme et l’ampleur musicale des big bands de Duke Ellington et de Count Basie qu'il affectionne particulièrement. Sa main gauche, lourde mais avec un swing régulier, sert de section de rythme. Il crée des motifs polyrythmiques et des subdivisions de rythme comme une guitare de rythme d’un big band, alors qu'une main droite légèrement décalée semble danser par-dessus avec des motifs dignes des solos de saxophone ou de trompette.


On compare souvent l’esprit des nombreuses ballades rêveuses, rhapsodiques et oniriques d’Erroll Garner aux œuvres impressionnistes de Claude Debussy. Amateur de musique classique, Garner assiste souvent à des concerts de divers interprètes, notamment du pianiste russe Emil Gilels.

Le 27 mars 1950, Erroll Garner est le premier musicien de jazz à monter sur la scène du Cleveland Music Hall, lieu de concert jusqu’alors habituellement réservé à la musique classique. Garner sera notamment le trait d’union entre les clubs de jazz et les salles de concert, ouvrant ainsi les prestigieuses portes à d’autres musiciens de jazz. Il sera également le premier et le seul musicien de jazz à être embauché par l’impresario classique Sol Hurok.

Erroll Garner vs Art Blakey

Sans Erroll Garner, il n’y aurait pas d’Art Blakey ! En effet, selon la légende, la première rencontre entre ces deux futurs géants du jazz fut décisive pour le batteur. Car avant de se mettre à la batterie, Art Blakey est d’abord pianiste, également natif de Pittsburgh.

Alors que Blakey dirige une répétition de son groupe de plusieurs musiciens dans un bar à Pittsburgh, il peine au piano car lui non plus ne sait pas lire une partition de musique. Un jeune musicien nommé Erroll propose d’essayer, et impressionne immédiatement la salle entière. Le gérant du club conseille à Art (de manière plus ou moins menaçante selon les différentes sources) de se mettre plutôt à la batterie et de laisser Erroll au piano. Et ainsi commence la carrière fructueuse d’Art Blakey en tant que batteur…


Le 19 septembre 1955, Erroll Garner est embauché pour jouer un concert dans une ancienne église à la base militaire de Fort Ord à Carmel en Californie, sans aucun enregistrement de prévu. Mais le pianiste donne ce soir-là l’un des meilleurs concerts de sa carrière, pleinement saisit par l’inspiration et le feu de l’action. 

Face à l’idée d’avoir loupé l’enregistrement d’un tel concert, l’agent de Garner Martha Glaser est désespérée. Par chance, elle croise dans les coulisses du concert un soldat et fan de jazz muni d’un magnétophone. Elle est prête à tout pour récupérer un enregistrement du concert, et offre au spectateur toute la discographie enregistrée d’Erroll Garner en échange de son enregistrement.

De retour à New York, Glaser donne la bande au bureau de jazz de Columbia Records pour en faire un pressage : Concert By The Sea__, le premier concert en direct d’Erroll Garner. Malgré la pauvre qualité de l’enregistrement, l’album se vend à un million d’exemplaires en 1958 et devient l’un des albums de jazz les plus vendus au monde.

Erroll Garner, précurseur des droits des musiciens

Si l’album Concert By the Sea distribué par Columbia Records apporte une certaine gloire à Garner, cela ne l’empêchera pas de se retourner contre ces derniers en 1960 dans un cas juridique dont le précédent marque l’histoire de la musique.

Alors au sommet de sa carrière, Erroll Garner signe en 1956 un contrat avec Columbia Records lui permettant de choisir quelles compositions peuvent être distribuées ou non. Mais la maison de disques décide de publier un certain nombre d’anciennes chansons dans le catalogue du pianiste, sans son accord. Garner décide donc de poursuivre son propre label en justice, litige qu’il gagnera deux ans plus tard. Il se verra restitué l’entièreté de son catalogue musical, ainsi que la somme vertigineuse de 265 297 dollars et 55 centimes !

Un pianiste oublié

La victoire décisive d’Erroll Garner contre Columbia Records annonce le début de la fin de sa carrière. Contraint de ne rien enregistrer pendant les deux ans et demi de procès contre son label, Erroll Garner se voit réduit au silence, alors qu'il est à l’apogée de sa carrière. Un silence qui efface en partie le nom d’Erroll Garner de la mémoire collective.

Le pays alors toujours sous l’emprise d’une division raciale violente, la presse blanche s’empare également de l’histoire pour montrer Erroll Garner sous un mauvais angle. Voici un pianiste qui ne sait pas lire, qui pense que Bach est une marque de bière, un homme naïvement heureux qui ne saurait quoi faire de tout cet argent. La victoire d’un tel individu face à une compagnie respectable fut de trop pour l’image d’un jazzman de l’époque, et la carrière d’Erroll Garner ne put jamais réellement se relever à la suite du célèbre procès.



La carrière d’Erroll Garner largement essoufflée au début des années 1970, un dernier pic d’intérêt vient renouveler l’intérêt public pour le jazzman lorsque l’acteur Clint Eastwood se lance dans la réalisation de son premier film. L’acteur conçoit un scénario de thriller intitulé Play Misty For Me [Un frisson dans la nuit en français], référence à la célèbre ballade d’Erroll Garner. Le film raconte l’histoire d’un disc-jockey de radio, Dave Garver (Clint Eastwood) qui subit l’admiration obsessive et finalement violente d’une auditrice, Evelyn, qui l’appelle constamment pour lui demander de passer une seule et même chanson : Misty

Grand amateur et défenseur de jazz, on pourrait croire que Clint Eastwood fut un admirateur d’Erroll Garner au point de placer la célèbre chanson du jazzman au cœur de son tout premier film. Mais en réalité le réalisateur s’intéresse plutôt à la reprise d’un autre musicien, le chanteur Johnny Mathis. Publiée en 1954, Misty est une composition uniquement instrumentale. Les paroles sont ajoutées en 1955 par Johnny Burke, puis enregistrées par Johnny Matis en 1959. Fan de ce dernier, Clint Eastwood découvre finalement la célèbre ballade de Garner, qu’il place au cœur de l’intrigue de son prem

Erroll Louis Garner (né le 15 juin 1921 à Pittsburgh et mort le 2 janvier 1977 à Los Angeles) était un pianiste de jazz américain dont le style mélodique et rythmique typique lui valut une grande popularité, ainsi que l'admiration de ses maîtres.

ERROLL GARNER

Biographie

Né à Pittsburgh, en Pennsylvanie, le 15 juin 1921, Erroll commence à jouer du piano à l'âge de trois ans. Autodidacte, il joue tout d'abord dans l'ombre de son frère Linton, lui aussi pianiste, puis il débarque à New York en 1944, où il enregistre son premier disque, sur lequel on trouve notamment Boogie woogie boogie, un Boogie-woogie plutôt original (en mineur, avec une grille harmonique inhabituellement riche)[1]. Il travaille un temps avec le bassiste Slam Stewart — il se sert du morceau Play Fiddle Play pour composer son fameux Play Piano Play —, ainsi que son trio habituel : Eddie Calhoun, son ami d'enfance contrebassiste, et le batteur Fats Heard.

Il enregistre en février 1947 un disque avec Charlie Parker, sur lequel il adapte son style au bebop, abandonnant la main gauche qui marque tous les temps.

Son premier grand succès est son interprétation de Laura enregistrée en janvier 1951. Il s'écoule plus d'un-demi million d'exemplaires de ce disque.

Erroll Garner est un pianiste autodidacte qui prétend n'avoir jamais appris à lire les partitions. Il mémorise tout ce qu'il compose et joue à l'oreille. Son oreille, sa technique et sa dextérité lui permettent de faire une carrière internationale. Il est fameux pour son swing très personnel, mais le morceau lui ayant valu le statut de star du jazz est Misty, composé en 1954 et devenu un grand standard repris par des centaines d'interprètes dans le monde. Son disque le plus célèbre est Concert By The Sea, enregistré à Carmel en Californie en 1955.

Erroll Garner est un homme simple qui, outre le piano, aime bien plaisanter et cuisiner. Il joue toujours le siège de piano remonté au maximum, ou bien, si ce n'est pas suffisant, assis sur des annuaires de la ville de New York, avec pour conséquence une position des mains sur le clavier très verticale. Durant les dernières années de sa vie, il habite un appartement situé au-dessus du Carnegie Hall de New York.

Il continue de tourner en Europe, au Japon et en Australie de 1971 à 1974, participant en plus de ses concerts à plusieurs émissions de télévision.

Il fut propriétaire, avenue François-Godin au Touquet-Paris-Plage de la villa Misty[3], du nom du morceau instrumental qu'il composa en 1954, à l'origine de la chanson Misty.

À partir de 1974, atteint d'un cancer des poumons, il ne se produit plus sur scène. Il meurt des suites de sa maladie le 2 janvier 1977, à seulement 55 ans. Il est enterré à Pittsburgh, au Cimetière d'Homewood.

Style

Erroll Garner présente une grande variété de styles, mais en même temps est immédiatement reconnaissable. Dès ses débuts il utilise toutes les dynamiques du piano avec maîtrise et finesse, et montre un grand contrôle du son[1]. Son style pianistique est très orchestral, influencé par les Big bands, à l'opposé de celui de Bud Powell. On peut relever dans son jeu des influences d'Art Tatum, de Fats Waller (à ses débuts, Garner joue dans un style proche du stride) ou encore d'Earl Hines pour son jeu en octaves[1]. Autodidacte, ne sachant pas lire la musique, Garner jouait et composait à l'oreille. Cette approche est un de ses grands atouts : elle lui permet d'explorer l'harmonie et les arrangements d'une manière très originale et moderne.

Bien qu'elle soit capable de prouesses pyrotechniques, sa main gauche joue le plus souvent le rôle d'un instrument rythmique, marquant régulièrement les temps comme pourrait le faire un guitariste. Elle évoque Freddie Green, le guitariste de l'orchestre de Count Basie, que l'on surnommait « the clock » (la pendule). Garner ajoute souvent une note (une basse) en syncope sur le « et » du 3e temps. La main droite joue avec un subtil décalage rythmique par rapport à la main droite, en arrière du temps, créant un swing énergique. La mélodie est souvent jouée en « block chords » à une main (il utilise parfois la technique des « block chords » à deux mains telle que pouvait la pratiquer George Shearing).

Garner est également célèbre pour ses balades et leurs interprétations en arpèges, virtuose et rhapsodique, pouvant évoquer Liszt ou Debussy. C'est le premier à imposer ce style de jeu, que l'on peut entendre en particulier sur son enregistrement de Laura.

Pendant les chorus, son jeu est versatile et inventif. Plein d'humour, Garner plaçait très régulièrement de citations dans ses chorus, au point qu'on en oubliait presque quel morceau il jouait à l'origine.

Une autre caractéristique du jeu de Garner est, à l'instar de nombreux autres pianistes de jazz, sa façon de ponctuer son jeu par sa voix, souvent entre deux traits musicaux de sa main droite, ou s'amusant des citations qu'il plaçait[6],[5].

Approche du trio

Accompagner Garner n'était pas tâche aisée : il était connu pour ne pas prévoir les morceaux qu'il allait jouer pendant un concert ; les introductions en solo qu'il effectuait souvent étaient en général assez abstraites ; autodidacte, il ne jouait pas toujours dans la « bonne » tonalité, ou utilisait des formes inhabituelles – la version de I’ll Remember April sur Concert By The Sea est sans doute la seule jamais enregistrée à être en forme AABA, au lieu du ABA habituel[7]. Pour autant, on peut entendre que certains arrangements sont très travaillés – voir par exemple la mise en place rythmique au cordeau de la fin de Teach Me Tonight, sur Concert By The Sea.

La plupart du temps, ses bassistes et batteurs ne prennent pas de solos pendant les morceaux. À partir des années 1950, Garner s'entoure du percussionniste cubain José Mangual, que l'on peut entendre sur l'album Mambo Moves Garner de 1950, entièrement dédié au style mambo, très populaire à cette époque.

Discographie

  • 1945 : Serenade to « Laura » (Savoy MG-12003)
  • 1947 : Giants of the Piano album regroupant sur une face Garner, sur l'autre Art Tatum (Vogue LP LAE 12209)
  • 1948 : Early in Paris (Blue Music Group)
  • 1949 : Penthouse Serenade (Savoy Records)
    • Erroll Garner (Joker LP BM 3718-3719)
  • 1951 : Erroll Garner plays for dancing (Philips B 07622 R)
    • Solo flight (Philips B 07602 R)
    • Long Ago and Far Away (Columbia Records)
    • Erroll Garner at the Piano (Columbia CL535)
  • 1954 : Mambo Moves Garner (Mercury MG20055)
    • Plays Misty (Mercury SR60662)
    • Gems (Columbia CL583)
    • Music for Tired Lovers, avec Woody Herman au chant (Columbia CL651)
  • 1955 : Concert By The Sea (Columbia CL883)
    • Contrasts (en) (EmArcy)
    • Garnering (EmArcy)
    • Solitaire (Mercury)
    • Afternoon of an Elf (Mercury MG20090)
  • 1956 : The One and Only Erroll Garner
    • The Most Happy Piano (Columbia CL939)
    • He's Here! He's Gone! He's Garner!
    • Gone Garner Gonest (Columbia)
    • The Greatest Garner (Atlantic 1227)
  • 1957 : Other Voices, avec l'Orchestre de Cleveland (Columbia CL1014)
    • Soliloquy (Columbia CL1060)
  • 1958 : Encores in Hi Fi (Columbia CL 1141)
    • Paris Impressions Vol.#1 (Columbia CL 1212)
    • Paris Impressions, double album (Columbia CL 1216)
  • 1961 : One World Concert (Reprise R9-6080 B)
  • 1962 : Informal Piano Improvisations (Baronet B-109)
  • 1963 : A New Kind Of Love, avec orchestre dirigé par Leith Stevens (Phillips BL7595)
  • 1964 : Mr. Erroll Garner and the Maxwell Davis Trio (Crown Records CLP-5404)
    • Erroll Garner Plays Gershwin and Kern (Mercury 826 224-2)
    • Serenade in Blue (Clarion 610[19])
    • Amsterdam Concert (Philips LP BL7717/632 204 BL)
  • 1965 : Erroll Garner Plays (Ember LP FA 2011)
  • 1966 : Campus Concert (MGM SE-4361)
  • 1967 : That's my Kick (MGM SE-4463)
  • 1968 : Up in Erroll's Room - featuring the Brass Bed (Vanguard NSLP 28123)
  • 1970 : Feeling is Believing (Mercury SR61308)
  • 1972 : Gemini (London XPS617)
  • 1974 : Magician (London APS640)
  • 1976 : The Elf-The Savoy Sessions, double album (Savoy SJL 2207)
  • 1987 : Long Ago and Far Away
  • 1991 : Body and Soul (Columbia CK47035)
  • 2015 : The Complete Concert By the Sea (Sony Music Cmg B00ZJ5QXDO)
  • 2016 : Ready Take One (Octave Music/Legacy Music 536331)

Références

  1. Arnaud Merlin, « Erroll Garner, avec Pierre Christophe », sur francemusique.fr, 25 décembre 2012 (consulté le 27 septembre 2017).
  2. (en) Bob Rusch, « Concert By The Sea – review » (consulté le 10 juin 2013) : « Concert by the Sea was arguably the finest record pianist Erroll Garner ever made [...] ».
  3. Christian Nau, Le Touquet-Paris-Plage de A à Z, éditions Henry, 2008.
  4. (en) C. Michael Bailey, « Erroll Garner: Concert By The Sea », sur allaboutjazz.com, 9 août 2005 (consulté le 27 septembre 2017).
  5. (en) Kevin Whitehead, « Revisiting The Intense Twists And Turns Of Garner's 'Concert By The Sea' », sur npr.org, 21 septembre 2015 (consulté le 27 septembre 2017).
  6. Audible dans les passages doux, par exemple dans Where Or When de Concert By The Sea.
  7. (en) Thomas Cunniffe, « Erroll Garner: The Complete "Concert by the Sea" (Columbia/Legacy 20842) », sur jazzhistoryonline.com (consulté le 27 septembre 2017).

Liens externes



  1. .



sources: FRANCE INTER, RADIO SUISS JAZZ ET INTERNET, Wikipédia




FATS WALLER

 





Thomas Wright Waller, dit Fats Waller, né le 21 mai 1904 à New York, mort le 15 décembre 1943 à Kansas City (Missouri), est un pianiste de jazz, organiste et compositeur américain.

Biographie

La famille Waller est originaire de Virginie et s'est installée à New York au tournant du XXe siècle pour s'assurer un avenir plus favorable. De 1890 à 1910, ils auront onze enfants dont cinq seulement survivront.

Vers l'âge de 6 ans, il se familiarise avec le piano d'une voisine puis reçoit quelques leçons d'une certaine Miss Perry. Il suit souvent ses parents qui prêchent au coin des rues. Au temple, il accompagne les chants sur l'orgue, instrument auquel il restera attaché toute sa vie. Son intérêt pour la musique grandit et l'acquisition d'un piano dans le foyer confirme sa vocation, il sera pianiste.

Dans l'orchestre de l'école, il se distingue en jouant des airs à la mode. Lorsqu'il découvre Harlem et sa vie nocturne, le déclic est foudroyant ; il trouve des petits emplois, joue de plus en plus et traîne aux abords des night-clubs afin d'approcher ses idoles. Au désespoir de son père avec lequel il se brouille, il quitte le domicile familial et fait la connaissance de James P. Johnson, alors maître incontesté du stride, devient son élève et son protégé. À 16 ans, il décroche son premier engagement en tenant l'orgue du Lincoln Theater durant les projections de films muets.

Thomas Wright Waller, qu'on appelle déjà « Fats » en raison de sa corpulence, se révèle très doué. Il rencontre Willie "The Lion" Smith, autre grande figure de l'école stride de Harlem et trouve naturellement sa place dans le milieu professionnel. Sa notoriété ne cesse de grandir tant dans les night-clubs que dans le circuit des soirées privées.

En 1922, il grave ses premiers enregistrements, Muscle Shoals Blues puis Birmingham Blues. Pour la QRS Company, il grave des « pianos-rolls » (rouleaux pour piano mécanique). À 20 ans, c'est un artiste reconnu sur toute la scène de Harlem. Il se lie d'amitié avec Andy Razaf, poète et parolier à la Tin Pan Alley. Ensemble, ils écrivent des comédies musicales pour Broadway. De ces spectacles sont nés des thèmes qui sont aujourd'hui des standards de jazz, comme Ain't Misbehavin'Black and Blue ou Honeysuckle Rose.

Durant toute sa carrière, Fats Waller ne signera pas moins de 450 compositions. Dans les années 1930, sa popularité en tant que pianiste, compositeur et chanteur est immense. Il enregistre ses plus beaux solos de piano, apparaît dans des films (Symphonie magique (Stormy Weather) en 1943) et fait deux tournées en Europe. Chaque apparition en public déclenche les rires et la bonne humeur tant la personnalité de Fats est explosive et truculente. Avec son orchestre « Fats Waller and his Rhythm » fondé en 1934, il sillonne les États-Unis et grave près de 500 titres.

Parmi ses chansons les plus connues, citons Squeeze Me (1919), Ain't Misbehavin' (1929), Honeysuckle Rose (1929), I’ve Got a Feeling I’m Falling (1929), Blue Turning Grey Over You (1930) et Jitterbug Waltz (1942).

Durant sa tournée triomphale au Royaume-Uni en 1938-1939, il est invité dans l’une des premières émissions de télévision de la BBC. Il y fait aussi quelques enregistrements, avec un orchestre du nom de Fats Waller & His Continental Rhythm. Il enregistre également sa London Suite en solo.

À la demande des producteurs, il ajoute à son répertoire de plus en plus de chansons populaires sans intérêt particulier, qu'il interprètera avec les grimaces et pitreries réclamées par le public. Sur la fin de carrière, il confie à ses amis qu'il est las de son image d'amuseur burlesque et qu'il souffre de ne pas être considéré avant tout comme un musicien. Seuls ses proches et un public plus averti savaient que derrière le clown se cachait un pianiste complet et d'une grande sensibilité.

Après une succession de tournées harassantes qui l'affaiblissent considérablement, Fats Waller meurt à 39 ans d'une broncho-pneumonie le 15 décembre 1943, dans un train à proximité de Kansas City.

Enregistrements

Piano Solos

  • African Ripples (1934, 1935)
  • Alligator Crawl (1934, 1935)
  • Ain't Misbehavin' (1929)
  • Baby, Oh! Where Can You Be? (1929)
  • Basin Street Blues (1937)
  • Because Of Once Upon a Time (1935)
  • Birmingham Blues (1922)
  • Blue Black Bottom (1927)
  • Blue Turning Gray Over You (1935)
  • California, Here I Come (1935)
  • Carolina Shout (1941)
  • Clothes Line Ballet (1935)
  • Down Home Blues (1935)
  • E-Flat Blues (1935)
  • Georgia on My Mind (1941)
  • Gladyse (1929)
  • Goin' About (1929)
  • Hallelujah (1935, 1939, 1943)
  • Handful of Keys (en) (1929, 1935, 1939)
  • Honeysuckle Rose (1935, 1941)
  • I've Got a Feeling I'm Falling (en) (1929)
  • I Ain't Got Nobody (en) (1937)
  • Intermezzo (1939)
  • Keepin' Out of Mischief Now (1937)
  • London Suite (1939)
  • Love Me or Leave Me (1929)
  • Martinique (1943)
  • Muscle Shoals Blues (1922)
  • My Fate is in Your Hands (1929, 1935)
  • My Feelings Are Hurt (1929)
  • Numb Fumblin' (1929)
  • Poor Butterfly (en) (1939)
  • Ring dem Bells (1941)
  • Rockin' Chair (en) (1941)
  • Russian Fantasy (1935)
  • Smashing Thirds (1929)
  • St. Louis Blues (1939)
  • Stardust (1937)
  • Swaltzing with Faust (1939)
  • Sweet Savannah Sue (1929)
  • Tea for Two (1935, 1937, 1939)
  • Turn on the Heat (1929)
  • Valentine Stomp (1929)
  • Viper's Drag (1934, 1935)
  • Waiting at the End of the Road (1929)
  • You're the Top (1935)
  • Zonky (1935)

Fats Waller & His Buddies (1929)

  • The Minor Drag
  • Harlem Fuss
  • That's How I Feel Today
  • Six or Seven Times
  • Looking Good But Feeling Bad
  • I Need Someone Like You
  • Looking for Another Sweetie
  • Ridin' But Walkin'
  • Won't You Got Off Please
  • When I'm Alone

Fats Waller & His Rhythm

Plus de 400 enregistrements parmi lesquels :

  • Ain't Misbehavin' (1939, 1943) - Paroles de Andy Razaf, musique de Fats Waller
  • All That Meat And No Potatoes (1936)
  • Baby Brown (1935)
  • Believe It Beloved (1934)
  • Blue, Turning Grey Over You (1937)
  • Christopher Columbus (1936)
  • Copper Colored Gal (1936)
  • Dinah (1935)
  • Do Me a Favor (1934)
  • Don't Let It Bother You (1934)
  • Fractious Fingering (1936)
  • Hallelujah! Things Look Rosey Now (1936)
  • Honeysuckle Rose (1934, 1937) - Paroles de Andy Razaf, musique de Fats Waller
  • How Can You Face Me? (1934)
  • I'm Gonna Sit Right Down and Write Myself a Letter (en) (1935) - Paroles de Joe Young, musique de Fred E. Alhert
  • I've Got My Fingers Crossed (1935)
  • It's a Sin to Tell a Lie (en) (1936)
  • Lulu's Back In Town (1935)
  • Oh Frenchy (1936)
  • One In a Million (1936)
  • Old Grand Dad (1940)
  • Original E-Flat Blues (1940)
  • Please Keep me in your Dreams (1939)
  • Serenade For a Wealthy Widow (1934)
  • Two Sleepy People (en) (1938)
  • What's the reason (I'm not pleasin' you)? (1935)

Filmographie

  • 1936 : King of Burlesque : Ben
  • 1943 : Symphonie magique (Stormy Weather) : lui-même[1]

Anecdotes

  • Le film Soyez sympas, rembobinez, de Michel Gondry, est parcouru par le récit de la création d'un documentaire/fiction amateur consacré à la vie de Fats Waller.
  • Un jour, Fats Waller fut enlevé par quatre gangsters sous la menace de leurs armes et jeté dans une limousine. Étant noir et ses ravisseurs blancs, Fats était terrorisé. On l'emmena à une réception où on le fit s'asseoir au piano. Fats Waller était le cadeau d'anniversaire fait à Al Capone par ses hommes. Capone lui servit du champagne et remplissait ses poches de billets à chaque fois qu'il lui jouait un air à sa demande. Fats rentra chez lui au bout de trois jours avec une gueule de bois et les poches remplies de billets...
  • Sous ses yeux, sa mère dut être évacuée de chez elle par un treuil car son obésité lui interdisait de franchir la porte d'entrée. Cette épreuve fut pour lui un traumatisme alors qu'il n'avait que 16 ans. Cela ne calma guère sa boulimie. Refusant par la suite de vivre seul dans le domicile familial, il se mit alors à « squatter » chez James P. Johnson, ce qui lui permit quand même d'y découvrir le piano mécanique, et donc ce fabuleux art qui plus tard fera sa gloire


Bibliographie

  • (en) Ain't Misbehavin': The Story Of Fats Waller, Ed Kirkeby (Dodd, Mead & Company 1966)
  • (en) Fats Waller, the Cheerful little earful, Alyn Shipton (2005)
  • (en) Fats Waller, His Life & Time , Alyn Shipton (Omnibus Press UK, 1988)
  • (en) Fats Waller, Performances in transcription, Paul S. Machlin (AR Éditions Inc, 2001)
  • (en) Stride : The music of Fats Waller, Paul S. Machlin, (Twayne Publishers, 1985)
  • (en) Fats Waller, Maurice Waller and Anthony Calabrese (Schirmer Books, 1997)
  • Fats Waller, bande dessinée de Igort et Carlos Sampayo (2004)
    • tome 1 : La Voix de son maître
    • tome 2 : Chocolat Amer

Notes et références

  1. (en) « Filmographie de Fats Waller », sur imdb.com (consulté le 9 juin 2013).
  2. Jazzman no 102, 1er mai 2004.

Liens internes

  • Tin Pan Alley

Liens externes







sources: Internet et RADIO SUISSE JAZZ


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