Gil Evans, né le 13 mai 1912 à Toronto, Canada et décédé le 20 mars 1988 à Cuernavaca, Mexique, est un pianiste de big band jazz : arrangeur, compositeur et chef d'orchestre. Naturalisé américain, il est un innovateur important dans le modern jazz : cool jazz, jazz modal et free jazz.
Biographie
Ian Ernest Gilmore Green naît en 1912 à Toronto (Canada). Evans est le nom de son beau-père (son père est décédé très tôt). La famille déménage vers la Californie. Gil Evans apprend la musique essentiellement en autodidacte.
Il forme son premier orchestre en 1933 à Stockton (Californie). Avec cet orchestre, il se produit dans des salles de danse (dont un long engagement au « Rendez-Vous Ballroom » de Balboa) et travaille pour la radio.
De 1941 à 1948 - avec une interruption où, Seconde Guerre mondiale oblige, il sert dans l'armée - , il est arrangeur pour l’orchestre de Claude Thornhill. Ce big band de divertissement est assez atypique par son instrumentation (section de cors, tuba, clarinettes souvent utilisées en section), par une sonorité ouatée (absence de vibrato) et l’utilisation de techniques d’écriture osant des alliages sonores inédits (loin de l’écriture « par sections » utilisée majoritairement à l’époque dans les big bands swing). Les arrangements de Gil Evans reprennent l’esthétique générale de cet orchestre en y ajoutant les avancées du bebop et ses propres conceptions novatrices.
En 1948-1950, Evans participe à l’aventure du fameux nonet de Miles Davis au côté des arrangeurs Gerry Mulligan, John Lewis et John Carisi. Comme chez Thornhill, on retrouve un cor d'harmonie et un tuba et, surtout, cette sonorité feutrée de big band, qui caractérise le « cool jazz ». La formation de Davis enregistre 12 titres, à l’époque publiés indépendamment, puis, réunis comme LP en 1957 sous le nom judicieux de Birth of the cool. Pour cette formation Evans signe l'arrangement de trois des morceaux ; Boplicity, Moon Dreams et Why do I love you (pour le dernier titre, l'arrangement est, peut-être, selon certaines sources, de John Lewis).
De 1950 à 1956, Gil Evans connaît une période difficile. Il vit principalement de travaux alimentaires : il est arrangeur pour la radio et pour des enregistrements de « variétés ». Il joue même pendant un an comme pianiste dans le trio d'une boîte de striptease.
En 1952, il se produit brièvement comme pianiste avec Gerry Mulligan. En 1953, il est l'arrangeur de trois titres d'une session - d'ailleurs peu concluante - avec cinq vents, un groupe vocal et une section rythmique – pour Charlie Parker. Il arrange aussi La plus que lente, valse de Claude Debussy pour le sextet de Gerry Mulligan. En 1956, il arrange deux titres (deux de ses compositions Blues for Pablo et Jambangle) pour un disque du saxophoniste Hal McKusick. La même année, il est aussi arrangeur l'album Dream Of You de la chanteuse Helen Merrill.
En 1957, Miles Davis vient de signer chez Columbia. Pour ce label, Davis et Evans enregistrent Miles Ahead (alias Miles Davis + 19). Davis, qui y joue du bugle, en est l’unique soliste. Les arrangements sont tous signés par Gil Evans. Suivent Porgy and Bess (1958 - version instrumentale « jazz » de l'opéra de Georges Gershwin), Sketches of Spain (1960 - jazz et musique espagnole - incluant des arrangements du Concerto d'Aranjuez de Joaquín Rodrigo, d'une pièce de Manuel de Falla, et des morceaux « folkloriques ») et Quiet Nights (1963 - une des premières tentatives de mariage entre bossa nova et jazz - album non terminé). Ces enregistrements sont des sommets de l’écriture pour grande formation en jazz.
En 1961, Miles Davis se produit accompagné par un orchestre dirigé par Evans, pour un concert unique, au Carnegie Hall de New York. La dernière collaboration avec Miles Davis est le projet non abouti de musique du ballet Time of the Barracudas (1963 - ne subsistent que 12 minutes de prises de studios - qui ont été ajoutées, lors des rééditions cd, à l'album Quiet Nights).
En 1957, Gil Evans enregistre sous son propre nom, Gil Evans & Ten (alias Big Stuff (avec en solistes, Steve Lacy, Jimmy Cleveland et Barry Galbraith). Suivent New Bottle, Old Wine (1958 - avec en soliste principal, le saxophoniste Julian “Cannonball” Adderley), Great Jazz Standards (1959) et surtout les albums fulminants Out Of The Cool (1960) et The Individualism Of Gil Evans (1963). Evans y utilise souvent des matériaux thématiques minimalistes (un ou deux accords - comme dans le jazz modal -, un riff ou une petite cellule mélodique) qu’il transfigure par la richesse de l’arrangement.
En 1961, sort l'album Into The Hot dont Evans est crédité comme leader. En fait, c'est l’œuvre pour une face de Cecil Taylor, pour l’autre de John Carisi.
En 1963, il épouse en deuxième mariage la jeune afro-américaine Anita Cooper, dont il a deux fils, Miles (qui jouera comme trompettiste dans l'orchestre de son père) et Noah.
De 1964 à 1969, Gil Evans s’efface une seconde fois un peu de la scène musicale. Il arrange quand même, pendant cette période, Guitar Forms (1965) pour le guitariste Kenny Burrell et Look To The Rainbow (1966) pour la chanteuse Astrud Gilberto. Un album était prévu avec Jimi Hendrix, mais il ne verra pas le jour à cause de la mort du guitariste en 1970.
Quand il revient en studio en 1969, ses choix esthétiques ont changé. Gil Evans a subi l’influence du free jazz et du rock. Les arrangements laissent de plus en plus de très grande manœuvres aux musiciens – on parle parfois « d’arrangements spontanés » - et les formes deviennent de plus en plus longues. L’instrumentation se diversifie encore, outre un foisonnement de percussions (timbales, congas, marimba, vibraphone, cloches tubulaires, flexatone,...) et les habituels cors et tubas, on voit apparaître des instruments électriques (guitare basse, piano électrique, synthétiseur,...) ainsi que des instruments exotiques comme le koto. Ceci offre à Evans une palette sonore très riche. De cette période datent, entre autres, les albums Blues in Orbit (1969/71), Where flamingos fly (1971).
Son orchestre est alors une véritable pépinière de jeunes talents. Au fil des ans, on y entendra, outre des musiciens déjà reconnus (George Adams, Billy Harper, Ernie Royal,..) des artistes comme David Sanborn, Arthur Blythe, Steve Grossman, Hannibal Marvin Peterson, Lew Soloff, Jon Faddis, Tom Malone, Howard Johnson, Bob Stewart, John Abercrombie, Ryo Kawazaki, Hiram Bullock, Pete Levin, Gil Goldstein, Mark Egan, Billy Cobham, Bruce Ditmas, Danny Gottlieb, Sue Evans, Mino Cinelu,...
En 1974, il donne un grand concert au Carnegie Hall avec un programme consacré à la musique de Jimi Hendrix et enregistre pour RCA en studio The Gil Evans Orchestra Plays The Music Of Jimi Hendrix. En 1975, pour le même label, il enregistre l'album There comes a time.
Dans les années 1980, Gil Evans a une activité très intense. Il se produit avec son orchestre (cf. Live At The Public Theater,...) aux USA et en Europe. De cette époque, date une multitude de disques plus ou moins « pirates ».
En 1980, il enregistre, comme pianiste, en duo avec le saxophoniste Lee Konitz, Heroes & Anti-heroes (1980); ces albums permettent d’apprécier son style de piano très épuré.
En 1983, il est conseiller musical pour l’album Star people de Miles Davis.
À partir de 1984, son orchestre se produit, avec régulièrement de nombreux invités, tous les lundis au club Sweet Basil à New York.
Gil Evans écrit parfois pour le cinéma : quelques titres pour Absolute Beginners (Simon Temple, 1985), puis pour La Couleur de l'argent (Martin Scorsese, 1986).
En 1987, il collabore avec le chanteur Sting pour un concert au festival d’Umbria en Italie et un titre (Little Wings d'Hendrix) de l’album Nothing like the sun.
En 1987, trente ans après leur première collaboration, il retrouve Helen Merrill pour l'album Collaboration. En France, il enregistre avec l’ONJ dirigé alors par Antoine Hervé et avec le « Big Band Lumière » de Laurent Cugny (Rhythm-A-Ning & Golden Hair).
En décembre 1987, c'est comme pianiste qu'il enregistre, en duo avec le saxophoniste Steve Lacy, l'album Paris Blues.
Gil Evans meurt à l'âge de 75 ans, d'une pneumonie, à Cuernacava (Mexique), le 20 mars 1988.
Discographie
Comme leader
- 1957 : Gil Evans & Ten (Prestige Records)
- 1958 : New Bottle Old Wine (World Pacific)
- 1959 : Great Jazz Standards' (World Pacifid)
- 1960 : Out of the Cool (Impulse)
- 1961 : Into the Hot (Impulse) Ce n'est pas un "véritable" ablbum de Gil Evans : il ne sert que de "prête-nom". Face 1 : John Carisi - Face 2 : Cecil Taylor.
- 1964 : The Individualism of Gil Evans (Verve Records)
- 1969 : Gil Evans (Ampex)
- 1969 : Blues In Orbit (Enja)
- 1971 : Where Flamingos flie (Artists House / A&M)
- 1972 : Masabumi Kikuchi + Gil Evans (Philips)
- 1973 : Svengali (Atlantic Records)
- 1975 : Plays the Music of Jimi Hendrix (RCA)
- 1975 : There Comes a Time (RCA)
- 1976 : Tokyo Concert (West Wind)
- 1976 : Synthetic Evans (Poljazz)
- 1977 : Priestess (Antilles)
- 1978 : At the Royal Festival Hall (RCA)
- 1978 : Parabola (Horo)
- 1978 : Little Wing (Circle)
- 1980 : Gil Evans en duo avec Lee Konitz. Heroes (en) (Verve Records)
- 1980 : Gil Evans en duo avec Lee Konitz. Anti-Heroes (en) (Verve Records)
- 1980 : Live at the Public Theater. Vol. 1 & 2 alias Listen to the silence (Trio)
- 1981 : Lunar Eclypse (New Tone)
- 1983 : The British Orchestra (TAA)
- 1984-1986 : Live at Sweet Basil. Vol. 1 & 2. (King)
- 1986 : Honey Man (Newtone)
- 1986 : We Remember Jimi (Dark Magus)
- 1986 : Bud and Bird (King)
- 1986 : Farewell (King)
- 1986 : Absolute Beginners Soundtrack (Virgin) - Quelques titres de la musique du film
- 1986 : Live at Umbria Jazz. Volume 1 & 2 (Appaloosa) - avec Sting
- 1986 : 75th Birthday Concert (Jazz Legend)
- 1987 : Gil Evans en duo avec Steve Lacy. Paris Blues (1987)
- 1987 : Last Session alias Live at Perugia (Jazz Door) - avec Sting
Avec Miles Davis
- 1949 : Birth of the Cool (Capitol Records)
- 1957 : Miles Ahead (Columbia Records)
- 1958 : Porgy and Bess (Columbia Records)
- 1960 : Sketches of Spain (Columbia Records)
- 1963 : Quiet Nights (Columbia Records)
Collaborations
- 1941-1949 : Claude Thornhill : nombreux enregistrements (78t,...)
- 1956 : Teddy Charles : The Teddy Charles Tentet (Atlantic Records)
- 1956 : Helen Merrill : Dream of You (Emarcy)
- 1956 : Hal McKusick : The Jazz Workshop (RCA Victor) - 2 titres uniquement
- 1956 : Johnny Mathis : A New Sound in Popular Song (Columbia Records)
- 1957 : Lucy Reed : This is Lucy Reed (Fantasy) - 3 titres uniquement
- 1957 : Don Elliott et Candido : Jamaica Jazz (ABC Paramount)
- 1965 : Kenny Burrell : Guitar Forms (Verve Records)
- 1966 : Astrud Gilberto : Look To The Rainbow (Verve Records)
- 1985 : Lew Soloff : Hanalei Bay (King Records)
- 1987 : Sting : Nothing Like the Sun (A&M) - Gil Evans sur Little Wing avec son orchestre
- 1987 : Laurent Cugny et le Big Band Lumière : Rhythm-a-Ning (Emarcy)
- 1987 : Laurent Cugny et le Big Band Lumière : Golden Hair (Emarcy)
- 1988 : Sting : Nada Como El Sol : Gil et son orchestre sur Mariposa Libre
- 1988 : Helen Merrill : Collaboration (Emarcy)
Bibliographie
- Notices d'autorité :
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- Bibliothèque nationale de la Diète
- Bibliothèque nationale d’Espagne
- Bibliothèque royale des Pays-Bas
- Bibliothèque nationale d’Israël
- Bibliothèque universitaire de Pologne
- Bibliothèque nationale de Suède
- WorldCat
- Raymond Horricks : Svengali or the orchestra called Gil Evans.Hippocrene books, 1984.
- Laurent Cugny : Las Vegas Tango. Une vie de Gil Evans, Paris, P.O.L, coll. "Birdland", 1989.
- Stephanie Stein Crease : Gil Evans : out of the cool : his life and music. A Cappella, 2001.
- Larry Hickock : Castles made of sound : the story of Gil Evans. Da Capo Press, 2002).
- Steve Lajoie : Gil Evans & Miles Davis : historic collaborations : an analysis of selected Gil Evans works, 1957-1962. Advance Music, 2003. (ISBN 978-3-89221-064-1)
Notes et références
- Cf. (en) Gil Evans : 1985 NEA Jazz Master Consultation du 20 mai 2010.
Liens externes
- Maison du Jazz – L. Cugny (biographie brève, discographie détaillée) – fr/en
- (en) Homepage Evans (2004) – en
Gil Evans Ce fut une révélation pour Gil Evans
, qui décida de consacrer sa vie à cette musique. La même année, il achète son premier disque, « No One Else But You », de Louis Armstrong et Earl Hines. En même temps, il a commencé à transcrire, à partir des enregistrements, la musique de grands arrangeurs de jazz tels que Red Nichols, Duke Ellington et Don Redman. En 1933, il monte son premier groupe à Stockton, qui compte six musiciens au début, mais passe à neuf en 1934. Le groupe a joué des arrangements de Don Redman, Fletcher Henderson et Duke Ellington, tous transcrits à partir des enregistrements. En 1935, l’orchestre est à l’affiche du Palomar Ballroom que le triomphant Benny Goodman, puis est engagé pour jouer au Rendez-Vous Ballroom de Balboa Beach, dans le sud de la Californie, où il restera jusqu’en 1938. Gil Evans était responsable de l’écriture et de la direction d’orchestre, et, de temps en temps, Stan Kenton tenait la chaise de piano.En 1938, Alex Holden, qui travaillait alors pour MCA, offre à l’orchestre de Gil Evans la chance d’accompagner le chanteur Skinnay Ennis. Gil accepte, gardant son poste d’arrangeur. Ennis a trouvé du travail pour le groupe dans l’émission de radio bien connue du comédien Bob Hope pour NBC à Hollywood. Le manager a ensuite appelé un autre arrangeur pour travailler avec le groupe, Claude Thornhill, qui a marqué un grand succès en 1937 avec son arrangement de « Loch Lomond » pour la chanteuse Maxine Sullivan. Lui et Gil Evans sont devenus collègues et amis, mais les deux arrangeurs ont décidé de quitter ce travail particulier en 1941. Thornhill avait déjà monté son propre orchestre à New York en 1939. Ce groupe avait commencé à tourner et se trouvait, à l’été 1940, à la salle de bal Rendez-Vous de Balboa Beach. En 1941, Thornhill décide de retourner à New York et, le 20 mars, l’orchestre commence une résidence de trois mois au Glen Island Casino. Gil Evans le rejoint en tant qu’arrangeur aux côtés de Bill Borden, et le 17 novembre, pour la première fois de sa carrière, un de ses arrangements est enregistré. Malheureusement, les États-Unis étaient également entrés en guerre pendant cette période, et le barrage de conscriptions obligea Thornhill à dissoudre son orchestre.
Gil Evans est également entré dans l’armée; il est resté aux États-Unis et est devenu citoyen américain. Il a été affecté à divers orchestres de l’armée dans lesquels il jouait souvent de la grosse caisse, notamment à Augusta, en Géorgie, où il a rencontré Lester Young. C’est pendant son service militaire que Gil Evans découvre la musique bebop naissante, à laquelle il est immédiatement attiré. Il a été libéré et a déménagé à New York en 1946, s’installant dans une petite chambre meublée sur la 55ème rue qui devait devenir plus tard un monument mythique. Il renouvela alors sa collaboration avec Claude Thornhill lorsque ce dernier reforme son orchestre. Evans demeura l’un des arrangeurs de l’orchestre de Thornhill jusqu’en 1948 et, dans ce contexte, expérimenta de nombreux aspects de sa créativité naissante.
À ce moment-là, sa chambre de la 55e rue était devenue un lieu de rencontre quasi permanent, où de nombreux musiciens étaient occupés à créer un nouvel univers musical, des musiciens tels que Gerry Mulligan, Dave Lambert, John Carisi, George Russell, Miles Davis et Charlie Parker. Un projet est conçu à cette époque par Gil Evans et Gerry Mulligan, celui d’un orchestre de taille moyenne qui combinerait la texture sonore de l’orchestre de Thornhill avec les nouvelles découvertes du bebop. Au début, Charlie Parker a été proposé comme chef de cet ensemble, mais à la fin, Miles Davis a été choisi. Dans 1948, un nonet a été formé, et a été réservé au Royal Roost sur la 47e rue. Le groupe a été dissous juste après cet engagement, cependant, mais a quand même réussi à enregistrer douze faces en 1949 et 1950 (dont deux arrangées par Gil Evans) qui seront plus tard compilées en 1953 sous le titre The Birth Of The Cool, un album qui est maintenant considéré comme un tournant dans l’histoire de l’écriture jazz.
Vers 1949, Gil a épousé Lilian Grace (ils ont ensuite divorcé), et jusqu’en 1956, il a traversé une période de production musicale limitée. Il a passé du temps à étudier la musique et a occasionnellement écrit pour des chanteurs, la radio et la télévision, mais n’a travaillé que sporadiquement dans le domaine du jazz, avec des artistes tels que Pearl Bailey et Billy Butterfield en 1950, et Charlie Parker en 1953. Puis, en 1956, sa carrière a vraiment commencé à décoller. Gil collabore d’abord avec Helen Merrill (sur l’album Dream Of You), puis avec Miles Davis, qui vient de signer avec Columbia et choisit Gil Evans pour son premier enregistrement avec un grand ensemble. L’album en question, Miles Ahead, est sorti en 1957, et plusieurs autres collaborations ont suivi, dont Porgy And Bess en 1958, Sketches Of Spain en 1960 et Quiet Nights en 1962, qui sont tous devenus des classiques du jazz orchestral. Au cours de cette même période, Gil Evans a également enregistré plusieurs albums sous son propre nom, avec des ensembles un peu plus petits pour la plupart. Il s’agit notamment de Gil Evans And Ten (1957), New Bottle, Old Wine (1958) qui comprend Cannonball Adderley, Great Jazz Standards (1959) et Out Of The Cool (1960). En 1960, l’orchestre a obtenu une résidence de six semaines à la Jazz Gallery, un club de New York. Gil enregistre à nouveau de 1962 à 1965, notamment les albums The Individualism Of Gil Evans, Guitar Forms avec Kenny Burrell et Look To The Rainbow avec Astrud Gilberto.
En 1962, il rencontre Anita Cooper. Ils se sont mariés en 1963 et ont eu deux fils, Noah (né en 1964) et Miles (né en 1965). Pendant quatre ans, Gil n’a pratiquement pas produit de musique et s’est concentré sur l’éducation de sa famille. Il a recommencé à enregistrer en 1969, en utilisant des ensembles de taille moyenne (généralement douze à quinze musiciens) dans lesquels les instruments électriques commencent maintenant à jouer un rôle très important. L’instrumentation a également changé, avec le nombre d’instruments à vent réduit en faveur de la section rythmique, qui était maintenant augmentée par des guitares, des percussions et divers autres instruments. Une collaboration projetée avec Jimi Hendrix a été interrompue par la mort prématurée du guitariste, mais un album d’arrangements jazz de compositions de Hendrix interprétés par le Gil Evans Orchestra a néanmoins été publié en 1974. L’orchestre commence à tourner en dehors des États-Unis, en particulier en Europe. En 1975, Gil Evans enregistre There Comes A Time, qui sera son dernier album studio depuis un certain temps. Tous les enregistrements ultérieurs de l’orchestre sont des albums live, notamment ceux réalisés à New York, des albums tels que Priestess (1977) et Live At The Public Theater (1980), ainsi que ceux enregistrés à Londres, y compris Live At The Royal Festival Hall (1978).
En 1980, Gil Evans enregistre une série de duos avec le saxophoniste alto Lee Konitz (Heroes and Anti-Heroes) et, à partir de 1984, l’orchestre est engagé pour jouer tous les lundis soirs au Sweet Basil, un club new-yorkais. Le Monday Night Orchestra, comme on l’appelle, y joue jusqu’à la mort de Gil, et enregistre plusieurs albums, dont Live At Sweet Basil (1984) et Bud And Bird (1986). En 1985 et 1986, Gil Evans a écrit la musique de plusieurs bandes originales de films, notamment Absolute Beginners de Julian Temple et The Color Of Money de Martin Scorsese. L’année 1987 est particulièrement prolifique, marquée par de nombreux enregistrements ainsi que plusieurs tournées européennes, dont un concert avec la pop star Sting. En décembre de la même année, il enregistre un autre album en duo, Paris Blues, cette fois en collaboration avec son vieux complice, le saxophoniste soprano Steve Lacy.
Gil Evans est mort d’une pneumonie le 20 mars 1988 à Cuernavaca, au Mexique, où Charles Mingus avant lui était également venu mourir en 1979.
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