mardi 11 avril 2023

CLAUDE LUTER

 







Claude Luter, né le 23 juillet 1923 à Paris et mort le 6 octobre 2006 à Poissy, est un clarinettiste, saxophoniste soprano et chef d'orchestre de jazz français[1].

Biographie

Portrait par Boris Vian

Dans son Manuel de Saint-Germain-des-PrésBoris Vian décrit ainsi le personnage sous forme de fiche d'identité :

« Claude, Gérald, Georges, Luter, 26 ans, né à Paris, 1,84 m, châtain, 80 kg, pratique la clarinette depuis 1941 environ. Le plus connu en Europe des rénovateurs du style Nouvelle-Orléans. (…) C'est lui qui le premier lança une cave, Les Lorientais. (…). Il faut dire pour être sincère et objectif que les fillettes y venaient tout autant pour Claude et ses amis que pour la musique et la danse[2]. »

Car outre ses talents de musiciens, Claude Luter était un fort bel homme avec un physique de sportif, « et un amour immodéré du judo et du sport qui fait des anatomies appréciables[2]. »

Carrière

Dès 1946 Claude Luter joue à Paris au Caveau des Lorientais puis rapidement s'impose parmi les meilleurs jazzmen européens[3],[4].

Selon Boris Vian, la première consécration de Claude Luter est arrivée au début 1947 lorsqu'il apparaît dans un numéro de la revue America Jazz 47 aux côtés de Tyree Glenn, le trombone noir de l'orchestre de Don Redman[2]. On le retrouve ensuite dans un grand nombre de festivals de jazz, notamment à la première édition du Nice Jazz Festival (1948), à Nice, où « la phalange des Lorientais brilla d'un vif éclat[2]. »

En 1949, il fait l'ouverture du club Le Vieux Colombier[5]. Son orchestre se compose alors de Pierre Dervaux (trompette), Bernard Zacharias dit Zaza (trombone), Christian Azzi (piano), Roland Bianchini (contrebasse) et François Galepides (batterie), mieux connu sous son surnom « Moustache »[6]. Cette même année, il tourne dans Rendez-vous de juillet de Jacques Becker et il accompagne Sidney Bechet au cours du Festival de jazz de Paris de 1949[5], où Miles Davis et Charlie Parker se produisaient également à la salle Pleyel.

Avec Sidney Bechet, qu'il considère « comme celui qui lui a tout appris [5]» il enregistre en studio et en public pendant six années. Resté seul à la tête de son orchestre, il entame une série de tournées qui le conduisent en 1957 en Amérique du Sud et en 1962 en URSS à l'exposition française de Moscou[5]. En 1959 on le retrouve au Slow-Club puis au Petit Journal.

Influencé à ses débuts par le « style viril » de Johnny Dodds caractérisé par une attaque vigoureuse avec un vibrato appuyé, pour l'improvisation collective, Claude Luter a complètement évolué au contact de Sidney Bechet, notamment au saxophone soprano qu'il pratique depuis 1960[5].

En France, il est l'un des représentants les plus significatifs du revival du Jazz Nouvelle-Orléans[7].

En 1999, il est invité pour la célébration du centenaire de la naissance de Sidney Bechet à La Nouvelle-Orléans[8].

Son fils Eric Luter, trompettiste, continue dans la voie de son père en se produisant très souvent lors de concerts de jazz ainsi qu'avec le groupe Triocéphale qu'il a fondé avec des amis musiciens. Il a joué et chanté Boris Vian pour le cinquantième anniversaire de la mort de l'écrivain-musicien, à la médiathèque de Charleville-Mézières en 2009[9]. Il était aussi au programme du Caveau de la Huchette les 7 et 8 novembre 2011, et le 26 octobre 2012[10].

Discographie

Claude Luter et ses Lorientais

  • Pimlico (1947)
  • Riz à la créole (1949)

Avec Sidney Bechet

  • Moulin à café (1950) - Promenade aux Champs-Élysées(1951) - Ghost of the Blues - 12th street rag (1952)
  • Pleyel Concert (janvier et mars 1952)
  • Olympia Concert (décembre 1954

Claude Luter et son orchestre

  • Terre promise - Pucier, paddock ou plumard - Comme un air de jazz(1957)
  • Djibouti - Dadeedah blues - Chevaux de bois - Charleston - Smile - Chicago(1958)
  • Jazz sur la Croisette (compilation avec Claude Luter lors du festival de Jazz en juillet 1958) - (INA Mémoire vive / Abeille Musique)
  • The pearl(1979)

Claude Luter quartet

Créole jazz - Saint-Germain dance(1959) Réincarnation rag - Danger blues(1960)

Avec Barney Bigard

  • Swinging Clarinets (1960)

En duo avec René Franc

  • The Sidney Bechet Legacy (1980)

33 tours 30 cm Claude Luter et son orchestre

Label Mode Mdint 9130 (mono) ;

  • Face A : Muskrat Ramble (en) / Tin Roof Blues (en) / Jazz me Blues / Basin Street Blues / Tiger Rag (en) /
  • Face B : Twelfth Street Rag (en) / Royal Garden Blues (en) / Wabash Blues (en) / St. Louis Blues / When the Saints Go Marching In /

Musiciens : Claude Luter (clarinette), Pierre Dervaux (trompette), Christian Guérin (trombone), Jean-Claude Pelletier (piano), Roland Bianchini (basse), Poumy Arnaud (batterie) ;

Enregistré à Buenos Aires en 1957 lors de la tournée de Claude Luter et son orchestre en Amérique du Sud.

Notes et références

Bibliographie

  • Philip Freriks, Agnès Lechat et Kim AndringaLe Méridien de Paris : une randonnée à travers l'histoire, Les Ulis, Edp sciences, 2009, 280 p. (ISBN 978-2-7598-0078-0)
  • Boris Vian (préf. Noël Arnaud), Manuel de Saint-Germain-des-Prés, Paris, éditions du Chêne, 1974, 302 p.
  • André Clergeat, Philippe Carles et Jean-Louis ComolliLe Nouveau dictionnaire du Jazz, Paris, Robert Laffont, 2011, 1455 p. (ISBN 978-2-221-11592-3)
  • Ouvrage langue française Fabrice Zammarchi titre Claude Luter Saint Germain Dance préface Christian Morin 2009 IBSN 978-2-8289-1050-1

Liens externes


Etre au bon endroit au bon moment ne relève pas du hasard (ou alors celui-ci choisit très bien ses élus). Claude Luter, par exemple, a vécu cela deux fois, presque coup sur coup, au début d'une carrière qui aurait pu rester celle d'un Parigot tombé dans la marmite du jazz New Orleans quant les carottes étaient déjà bien cuites.

Cette fascination pour le jazz des origines, il n'était de loin pas le seul ado à l'éprouver au début des années 40 où commençait à se dessiner le premier grand retour du jazz sur sa propre histoire. Entre nostalgie touchante, mais stérile, et rébellion constructive contre les dérives commerciales d'un jazz un peu trop courtisé par la variété, le New Orleans Revival américain installait des succursales un peu partout sur le Vieux Continent. En France, Claude Luter n'allait pas tarder à prendre la tête du mouvement, par la façon à la fois fidèle et juvénilement flamboyante dont il se réappropriait ce premier héritage du jazz. Et aussi en vertu d'un déménagement réussi qui lui faisait quitter les petits clubs du Quartier latin pour la cave du Lorientais, pourrie mais bientôt fréquentée par des trublions du calibre de Sartre ou Queneau.

Une sorte de fief jazzistico-existentialiste dont il arrivait à Luter de s'extraire, par exemple pour accompagner au Festival de Jazz de Paris un vieux de la vieille à peu près oublié aux States: Sidney Bechet. Nous sommes en 1949, et le maître néo-orléanais s'y taille un succès tellement colossal (on raconte que les jeunes Miles Davis et Charlie Parker, autres invités du festival, en auraient avalé leurs binious) qu'il décide de s'installer durablement sur cette terre bénie.

Luter devient illico l'accompagnateur attitré, l'élève zélé, le souffre-douleur amusé de ce dieu du jazz grandeur nature. Cinq ou six ans de compagnonnage houleux suffisent à faire du clarinettiste puis du saxophoniste soprano Luter une sorte d'alter ego franchouillard de l'explosif Créole. Dont il hérite plus que tout autre irradié béchétolâtre de la fougue communicative. C'est elle qui lui a permis de prêcher avec une jubilation presque inentamée par l'âge la bonne parole d'un jazz primitif mais jamais primaire. C'est sous cette double bannière de jazzman existentialiste malgré lui et de disciple de Bechet qu'il était perçu par un public beaucoup plus large que celui du jazz


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https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2006/10/06/le-clarinettiste-de-jazz-claude-luter-est-mort_821011_3382.html

Le chef d'orchestre et clarinettiste de jazz Claude Luter est décédé, vendredi 6 octobre, à l'hôpital de Poissy (Yvelines). Il était âgé de 83 ans.

Il avait eu la révélation du jazz à 15 ans, en 1938, alors que son père était musicien professionnel. Mais c'est sa rencontre avec Sidney Bechet, en 1949, qui a marqué toute sa carrière.

Claude Luter s'est d'abord essayé au cornet, avant de choisir définitivement la clarinette. Il en jouait dans les salons, sous l'Occupation. La Libération marque les débuts de sa carrière de musicien dans les clubs du Quartier latin, jusqu'à son installation, en mai 1946, dans une cave d'hôtel, le célèbre Lorientais, rue des Carmes (5e arrondissement). Il s'y produit en trio d'abord, puis dans une formation plus étoffée, et le Tout-Paris vient l'y écouter. Au Festival de Nice, en 1948, Luter et ses Lorientais représentent le jazz français et rencontrent Louis Armstrong, Baby Dodds et Earl Hines. Ils enregistent alors leurs premiers disques.

En 1949, Luter fait l'ouverture du Club du Vieux-Colombier, apparaît dans Rendez-vous de juillet, de Jacques Becker, et accompagne Sidney Bechet au Festival de Paris. Son orchestre, alors considéré comme le meilleur du jazz Nouvelle-Orléans, va jouer dans le monde entier, notamment en Amérique du Sud en 1957 et en URSS en 1962.

Influencé à ses débuts par Johnny Dodds et particulièrement reconnu pour son jeu en improvisation collective, Claude Luter a évolué au contact de Bechet, dont il resta un fidèle tout au long de sa carrière. En mai 1997, il participe à La Nouvelle-Orléans aux cérémonies du centenaire de la naissance de Sidney Bechet. Et lui rend de nouveau hommage en 2000, lors du festival Jazz à Juan, dont il était un habitué depuis la première édition en 1960.

Le Monde avec AFP













Sources :Wikipédia, Radio Suisse Jazz, Le Temps, Le Monde avec l 'AFP, Jazz in Marciac, Spotify

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